Terrasse de La Chope, samedi 1er octobre 2016, 13h10
La serveuse sent la pluie qui vient. Veille de Mort-Fribourg. Mort à Fribourg : Alex, le dessinateur de La Liberté, a fait le witz sans se douter que rue François-Arsent 1, il est un best-seller qui se crée.
Quelles sont les langues qui se délient aux tables viriles ? Au loin, encore et toujours, des bourbines qui gueulent en buvant des panachées. Moustaches et cheveux longs qu’on lave au kerscher, ces Suisse primitifs sont les vrais envahisseurs. Les Turcs – s’ils sont kurdes, je suis mort (à Fribourg) – ont l’air plus calme. Il vaut mieux ne pas trop élever la voix. Erdogan surveille. Dans le parking, le bal des voitures tourne au ralenti. C’est samedi, début du mois, jour des payements. La poste n’est pas encore ouverte.
Fribourg est – d’après une étude qui a plu aux journaleux – la ville la plus dangereuse de Suisse, et le Schönberg son quartier le plus chaud. Pourtant, j’ai remis ma veste et les Turcs rigolent, sans faire de vague. Seuls les bourbines se sentent vraiment chez eux partout.
Un rayon de soleil transperce le vert clair en sursis des arbres du parking. J’aimerais bien savoir le prénom de ces arbres. Hêtres ou pas hêtres ? Question sans réponse. Que porte ce gros gaillard dans son dos ? Un instrument de musique ? Tambour à cordes, contrebasse aplatie, tuba miroir ? Toujours pas de réponse.
Une voiture engoufre le sac et le ventru. Les Turcs ont fini leur bière. Ils ne sont pas même barbus. Je ne resterai pas seul au milieu des bourbines.
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A propos
Lie tes ratures, littérature, ce blog se veut l'atelier de mon écriture. J'y déverse en vrac des notes prises au jour le jour, l'expansion de ces notes en des textes plus élaborés, des réflexions et des délires, des définitions et des dérives, bref tout ce qui fait le quotidien d'un homme qui écrit, ici, en Suisse, ailleurs, dans mes rêves et à travers le monde qui m'entoure.
Bref, ce blog suisse de littérature partira dans des directions variées qui, je l'espère, sauront vous parler.
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