Blog suisse de littérature

28 décembre 2014

L’opération « c’est bien passé », a écrit maman. Il faut attendre de voir comment ça évolue. La tension peut enfin baisser d'un cran.

Hier, les yeux rivés sur le téléphone, j’attendais. Les minutes s’allongeaient à l’infini. Aujourd’hui, au petit jour (drôle d’expression, un jour peut-il être petit ?), la neige recouvre un peu les toits de Fribourg. De la fumée se noie dans le gris du ciel. On entend les voitures qui s’éclaboussent dans la papotche. La vie a repris.

Hier, c’était comme si plus rien ne comptait, comme si tous ces détails qui font le quotidien, qui font le plaisir de vivre, avaient disparu, comme si la pensée, sombre et désemparée, l’emportait sur le corps immobilisé, incapable d’agir, pressentant sa propre mort (la mort est toujours sale, comme la neige quand elle fond, et hier, la neige fondait).

Il est étrange comme l’arrivée de la neige suscite des réactions contrastées. Il y a deux camps. Le premier est formé par ceux qui redeviennent des gamins, qui n’ont qu’un désir dès qu’arrive la neige, c'est qu’elle recouvre le monde le plus complètement possible, qu’elle deviennent manteau blanc ou duvet et que jamais elle ne fonde. Je suis de ce premier groupe. Et il y a les pragmatiques (quel mot infâme !), ceux qui se disent qu’il va falloir peller (quelques élèves écrivent parfois « peler », je devrais leur rajouter des points, ce sont des poètes qui s'ignorent), que ça va être la gabegie sur les routes, qu’on va se casser la figure, bref que ça va troubler le quotidien bien huilé, la banalité bien ordonnée, l’ordre immuable des choses endormies. Ceux du premier groupe les regardent avec tristesse. Ils se disent : « Enfin de l’aventure au quotidien ! » Mais les seconds les prennent pour des fous, pour des rêveurs, ou pire, pour des utopistes (certains vont même jusqu’à lancer du gauchiste ou pire, de l’anarchiste).

Moi qui suis un anarchiste, je dois dire que ce que j’aime dans la neige, c’est précisément le désordre qu’elle crée, car, pour citer un poète qui m’est cher, « le petchi, c’est la vie ; et le foutoir, c’est l’espoir ; tu ne sais pas où, bien caché, il y a toujours de quoi rêver, il y a toujours de quoi rêver. » 


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A propos

Lie tes ratures, littérature, ce blog se veut l'atelier de mon écriture. J'y déverse en vrac des notes prises au jour le jour, l'expansion de ces notes en des textes plus élaborés, des réflexions et des délires, des définitions et des dérives, bref tout ce qui fait le quotidien d'un homme qui écrit, ici, en Suisse, ailleurs, dans mes rêves et à travers le monde qui m'entoure.

Bref, ce blog suisse de littérature partira dans des directions variées qui, je l'espère, sauront vous parler.