Les vers d’oreille me rongent. Ils ont la voix de Vincent Delerm. T’as pas le cerveau de la dame avec un chapeau, geignent-ils. C’est perfide, un ver d’oreille, ça tape insidieusement là où ça fait mal. T’as pas le ventre plat de Miss Albigeois. Je sais, il faudrait faire du sport, suer, souffrir pour être belle, gnagnagna, pauvre conne, comme disait un grand philosophe. Tu feras pas publicité shampoing, glissent-ils comme par hasard à la face de ma calvatie. T’as pas les fesses de Miss Pays de Bresse. Bon, ça suffit comme ça, Vincent, tu vas te la coincer, oui ou non ? Puis je me dis que ça pourrait être pire. Je pourrais avoir comme ver de cervelle les mots de papa Delerm, bien plus insupportables que les gémissements du fiston. Allez, une petite gorgée de bière, ni la première ni la dernière, et on se débarrasse de toute la famille.

Des auto-tamponneuses dans ta tête, elle dit aussi ça, cette chanson, parce que ce genre de chansons, ça a l’air de rien mais ça cogne. Trois ans sans Vincent – homonymie pour que dans la cervelle ça devienne une sacrée bouillabaisse – trois ans de rémission et prendre le risque que ça recommence ? Hier, un autre ver : Tielman Susato, la tour de Montagny, le copeau, le grand archéologue Wenger von Tsaubi, un drone, des machins en ferraille, viens mon chien, fouiller dans les fourrés, un sac à main Zohemisho, mais j’en raconte trop, il n’est pas encore temps, sur cette banquise une tour de Pise, la petite la petite, des épines, des ronces et des orties, une boîte bizarre, t’as pas de cerveau, t’en dis trop, ça se termine aussi par une gorgée de bière.

Deux jours à trois ans de distance, deux vers d'oreille, Sous les avalanches de Vincent Delerm et Renaissance Suite de Tielman Susato (ainsi que quelques indiscrétions à propos d'un projet en cours).