30 décembre 2014

• 24.09.2017

Tension entre engagement absolu, révolte, lecture de Jean Ziegler, terrible réalité d’un monde inhumain dévoilé, et repli dans l’absolu, dans la sensation d’être, dans le regard qui ne se lasse pas de regarder la neige couvrant la terre, lecture de Gaston Bachelard, qui, en 1943, au cœur de la tempête, écrivait L’Air et les Songes, s’interrogeait sur la rêverie de la matière, sur l’envol (alors que les avions larguaient, chutes de feu, leurs bombes par millions) et sur l’imagination.

Chez moi, Bachelard l’emportera toujours sur Ziegler. L’horreur du monde, la connerie humaine, la souffrance des esclaves modernes, semble une fatalité. L’homme est une charogne (lecture aussi de Baudelaire, beauté de l’ignoble, jouissance de la pourriture, victoire de la terre ogresse sur l’homme qui se croit chien). Voilà l'évidence qu’on ne peut combattre. La partie est perdue d’avance. C’est un scandale mais c’est ainsi. Que faire, alors ? Tentation de l’ermite, sortie du monde dégoûté, regard tourné vers cette neige qui ne cesse de tomber, rien que sur cette neige qui tombe et couvre la terre, et sur les branches des arbres nus, et sur la fumée grise qui se fond dans le gris du ciel.

Il faut pourtant revenir à la vie active, parler pour ne rien dire, jouer à l’être social, donner son avis sur tout sans savoir rien, faire le connaisseur. Mais d’abord, il faut lire quelques poètes, se laisser envahir par des mots qui laissent songeur, et dormir, beaucoup dormir, pour beaucoup rêver.