Blog suisse de littérature

Ancienne Gare, mardi 11 avril 2017, 9h55

De la porte magique est sorti un Charlie à chapeau.

Je ne voyais pas le nouveau monde ainsi. Le mur promettait du trop bien, une monstre noce et même, piège à fantasmes, de la hard party. Et voilà ce type, barbu comme tout le monde aujourd’hui, ni jeune ni vieux, qui revient du futur comme il reviendrait du pissoir.

Un ouvrier passe la porte dans l’autre sens. Il ne se méfie pas du boum boum qui pourtant met les point sur les i. Il ressort, puis ferme une porte sur laquelle il est écrit soviet soviet. Le nouveau monde, c’est le communisme. Qui l’aurait cru ? La racleuse de l’autre porte, une prolétarienne exploitée, reste sur le seuil du nouveau monde.

Dedans, quelques nantis s’étirent et plongent leur tête fatiguée dans des ordinateurs portables et des smartphones amerloques. Une jeune fille tourne le dos à la porte spacio-temporelle. Elle regarde vers le passé. Elle pourrait regarder vers moi. Je serais son futur. Hélas, des tas de gobelets et de cendriers nous séparent. Nous ne voyons pas le monde de la même façon. Un saxophone sensuel tente bien de nous rapprocher mais deux vieilles à vestes jaunes viennent se placer juste entre nous deux pile au moment il n'allait rien se passer.

L’évadé du communisme a l’œil rivé sur son portable. Le futur, même derrière le rideau rouge, semble bien proche de nous. D’ailleurs, nous y sommes déjà et rien n’a changé. Les génial, les par ici la musique - alors que la musique vient de l’autre fond, de l’extrême occident – et les mais yeah ne sont que des mensonges. Entre le présent et l’avenir, entre le mercantilisme capitaliste et l’after soviétique, il y a un mur.

Un vieux tente d’ouvrir une autre porte, improbable troisième voie. C’est un non-aligné. D’ailleurs, il déplace des chaises. Il s’assied avec les vieilles pour me séparer encore plus de la fille à l’ordinateur, juste au moment précis où il n'allait à nouveau rien se passer. 

Le bar du nouveau monde est fermé. Les lendemain qui chantent sont plongés dans la nuit. Il ne me reste qu’une trompette triste et la voix trop alignée d’une jeune fille qui chante wonderwall. Ce ne sont pas des portes qui ouvrent sur le nouveau monde, ce sont des murs. Il suffit de les traverser et nous voilà en utopie, enfin pour de vrai dans un soviet qui nous chuchote viens c’est cool !.

Les fumeurs restent dehors avec la racleuse et moi, je reste rivé à mon ordinateur. La jeune fille d’en face aussi. Seuls les vieux se sentent chez eux dans l’ancien monde. 


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A propos

Lie tes ratures, littérature, ce blog se veut l'atelier de mon écriture. J'y déverse en vrac des notes prises au jour le jour, l'expansion de ces notes en des textes plus élaborés, des réflexions et des délires, des définitions et des dérives, bref tout ce qui fait le quotidien d'un homme qui écrit, ici, en Suisse, ailleurs, dans mes rêves et à travers le monde qui m'entoure.

Bref, ce blog suisse de littérature partira dans des directions variées qui, je l'espère, sauront vous parler.