Blog suisse de littérature

Christine Angot, Une semaine de vacances

Quand il se réveillera, ils iront dîner dans le restaurant deux étoiles dont il lui a parlé.

Elle, bien sûr, elle préfèrerait trois ou quatre étoiles, mais avec lui, il faut se contenter de peu.

Le voilà qui ronfle. Il faut se contenter de très peu.

Il bave sur son coussin. Il faut se contenter de rien.

Pourquoi reste-t-elle avec lui ? L’aime-t-elle encore ? Elle ne l’a jamais aimé, bien sûr, il n’en a jamais été question.

Il se gratte les choses.

Prendre ses affaires et foutre le camp ? Quelque chose la retient. Le restaurant ? Elle peut bien manger seule.

Seule…

Voilà ce qui la retient. Si elle s’en va, elle sera seule, elle se goinfrera dans des palaces, elle dormira dans des lits à baldaquins, elle sera libre, mais elle sera seule.

Au fond, si on reste collés les uns contre les autres, c’est pour se sentir un peu moins seuls, c’est tout.

Elle se couche à côté de lui, elle essuie le fil qui pend à la commissure de ses lèvres, elle siffle pour qu’il arrête de ronfler, elle lui caresse les choses pour que ça lui gratte moins.

Puis le voilà qui pète. Espérons au moins qu’il paiera le resto. 


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A propos

Lie tes ratures, littérature, ce blog se veut l'atelier de mon écriture. J'y déverse en vrac des notes prises au jour le jour, l'expansion de ces notes en des textes plus élaborés, des réflexions et des délires, des définitions et des dérives, bref tout ce qui fait le quotidien d'un homme qui écrit, ici, en Suisse, ailleurs, dans mes rêves et à travers le monde qui m'entoure.

Bref, ce blog suisse de littérature partira dans des directions variées qui, je l'espère, sauront vous parler.