François-René de Chateaubriand, Atala, René, Les aventures du dernier Abencérage
Si moi, par exemple, après dix ans aux enfers, je revenais faire vous faire un petit coucou sur la terre, qui m’accueillerait en héros ? qui oserait me regarder en face sans me dévisager ? qui ne serait pas horriblement gêné d’avoir continué à vivre sans moi ?
La vie est trop courte pour que nous nous retournions en arrière à chaque départ. Un homme est mort, d’autres vivent, ils sont des nôtres, lui plus, l’oubli peut commencer son travail de sape. Alors, en toute impunité, nous trahissons nos chers défunts, qui ne sont bientôt plus dans nos esprit futiles que des traces de moins en moins nettes d’un passé enfoui sous terre, qu’une pierre oubliée qu’on fleurit une fois par année, qu’un émoi éphémère quand soudain remonte un prénom à la surface du temps.
Le temps ne suspend pas son vol et l’heure n’est jamais propice pour le retour du passé. Si je revenais, vous me chasseriez et je ferais de même avec vous. J’en aurais honte quelques minutes, puis je vous oublierais à nouveau, parce qu’il y a toujours d'autres gens plus présents à aimer, que ce soit vous, que ce soit moi ou que ce soit des étrangers, peu importe : il faut nous aimer vivants.
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A propos
Lie tes ratures, littérature, ce blog se veut l'atelier de mon écriture. J'y déverse en vrac des notes prises au jour le jour, l'expansion de ces notes en des textes plus élaborés, des réflexions et des délires, des définitions et des dérives, bref tout ce qui fait le quotidien d'un homme qui écrit, ici, en Suisse, ailleurs, dans mes rêves et à travers le monde qui m'entoure.
Bref, ce blog suisse de littérature partira dans des directions variées qui, je l'espère, sauront vous parler.
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