Georges Bataille, Histoire de l’œil
Ma proposition semblait sage pourtant. Mais elle continua à refuser, parce qu’il n’y avait rien de plus doux à son œil que les viscères sanguinolents d’une bête de somme étalée sur la terre battue et rien de plus jouissif que la carcasse encore chaude d’un cheval abattu.
Elle aimait plus que tout le bruit des os qui craquent sous la scie sauteuse, le pus qui suppure, le sang, encore le sang, toujours le sang, quand il vous éclabousse à gros bouillon. Et elle courait vers l’animal, elle le léchait, elle s’y vautrait, elle se caressait les seins de ce sang délicieux en se tartinant de sa bile et de sa merde.
Dégoûté, je vomis mon souper sur mes chaussures.
Elle revint alors à moi, plus amoureuse que jamais. Mais elle continua à refuser, parce que l'éviscération d’un homme cause hélas moins de perte et de fracas que celle d’un cheval.
Commentaires et réponses
A propos
Lie tes ratures, littérature, ce blog se veut l'atelier de mon écriture. J'y déverse en vrac des notes prises au jour le jour, l'expansion de ces notes en des textes plus élaborés, des réflexions et des délires, des définitions et des dérives, bref tout ce qui fait le quotidien d'un homme qui écrit, ici, en Suisse, ailleurs, dans mes rêves et à travers le monde qui m'entoure.
Bref, ce blog suisse de littérature partira dans des directions variées qui, je l'espère, sauront vous parler.
Soyez le premier à commenter