Johannes Brahms, Quintet à cordes n°2

Brahms romantise jusqu’à l’extrême, il tourne tout en passion.

Les cordes, qui semblent n’être qu’un appel au bal, s’emballent, elles s’ouvrent le cœur à grands coups de couteaux, puis elles valsent leurs pleurs énervés.

Jamais rien n’est tout à fait léger. Le sens du tragique toujours vient assombrir le plaisir ; une contrebasse et la mélancolie des paysages grandioses défilent devant nos yeux qui ne savent plus où regarder et pénètrent en nos oreilles qui ne savent plus qu'écouter.

Que sont ces paysages ? On gravit la montagne à grandes enjambées. Elle est recouverte de sapins où l’on se pique. A leur pied pousse de la mousse où s’enlacer trop vite et trop fort. La vue du sommet fout le bourdon : le brouillard ne se dissipe que pour que les éclairs illuminent un instant des gouttes de pluie froide.

On redescend, toujours à la course, on dévale la pente, à travers l’herbe haute, où s’arrêtera-t-on ? et quand ? Déjà la nuit s'avance. On s’enlace encore un peu, à l’ombre d’un chalet. Voilà la peur. Non, donne-moi encore un baiser, juste un, fais semblant de m’aimer, juste une minute.

Elle s’enfuit. La pluie redouble. Je reste seul à penser qu’il y a un instant… Je fais comme si nous dansions encore. Je me fais du mal. Il ne reste plus qu’à pleurer plus fort. Qu'à m’endormir. Qu'à laisser la musique prendre la place qu’occupait jadis…

Il n’y a toujours eu que la musique. Les paysages romantiques ne seront à jamais que le rêve sonore de rares poètes égarés dans la réalité.