Blog suisse de littérature

Ô’pâla Bar, samedi 8 avril 2017, 17h30

Les cloches des Augustins résonnaient. La table vibrait.

La main qui sortait de la fenêtre pour fumer s’était réfugiée à l’intérieur. L’eau de la fontaine coulait tranquillement. Des promeneurs peu pressés descendaient le Stalden. D’autres, plus courageux, le montaient. Quelques insectes étaient de sortie, et une BMW itou. Sur des trétaux de bois brinquebalants, je m'étais aguillé. Le faux gazon semblait être enceint de fleurs.

Une belle à chapeau courut. Une moto fit du bruit.

Sur la porte d’en face, il était écrit cocooning, histoire de bien planter un décor calme que seule cette BMW violait en passant une deuxième fois. Une petite fille à vélo hésitait à monter le Stalden. Elle s’était arrêtée. Une audi la dépassa.

La serveuse lippue fumait avec son mec. Elle faisait la conversation toute seule. Que disait la petite fille ? Rien, puisque personne ne lui répondait. Fallait-il continuer la montée ? « Je monte déjà », décida-t-elle. C’était une petite fille courageuse. Son petit frère arriva enfin, poussé par une vieille.

Un coureur à T-shirt Morat-Fribourg jaune fluo se mit à marcher. L’heure était à la marche, au temps lent, au repos. Sous cocooning, il était écrit coiffure et visagisme. Sans doute était-ce pour cela que les gens qui passaient étaient tous affreux. C’était fermé.

Un enfant chialait. Il voulait se refaire le nez. Sur le visage de la serveuse, quelques ratures s'étaient égarées. Une porsche passa. Pourquoi n’y a-t-il en Basse-Ville que des grosses allemandes ? Un coureur à la descente cherchait les freins. Ce n’était pas un gros allemand. Abarth, ça vient d’où ? Mais voilà des motards à pied, puis à nouveau la porsche, qui frima sur les pavés où quelques restes de confettis se souvinrent soudain de la folie carnavalière.

D’autres promeneurs s’apprêtaient à monter. La serveuse fit la bise à son mec. Ce n’était donc pas son mec. Je ne bougeai pas. Elle passa la patte. Il ne restait plus qu’elle. Et moi. Il faudrait qu’elle demande à la visagiste pourquoi ce mec… Il faudrait que je...

Abarth, ça vient d’Italie. Moi pas. 


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A propos

Lie tes ratures, littérature, ce blog se veut l'atelier de mon écriture. J'y déverse en vrac des notes prises au jour le jour, l'expansion de ces notes en des textes plus élaborés, des réflexions et des délires, des définitions et des dérives, bref tout ce qui fait le quotidien d'un homme qui écrit, ici, en Suisse, ailleurs, dans mes rêves et à travers le monde qui m'entoure.

Bref, ce blog suisse de littérature partira dans des directions variées qui, je l'espère, sauront vous parler.