Paul Auster, Dans le scriptorium
Hélas, en guise de rivière, un maigre filet d’eau poussiéreuse agonisait entre bitume et cactus. Le soleil glissait ses javelots de feu entre les gratte-ciels de verre qui centuplaient la chaleur accablante de cet été de plomb. Rien, pensé-je, ne pourra jamais verser sur mon visage desséché la goutte de glace qui l’apaiserait.
Je songeais à rebrousser chemin quand je vous aperçus, furtive, appétissante – j’avais si peu faim pourtant – et fraîche comme l’eau limpide d’un lac de montagne.
Je vous regardai passer en coup de vent – enfin de l’air ! – et mes lèvres craquelées tentèrent de vous sourire. Ma grimace vous effraya. Votre pas s’allongea.
Boulevard Santa-Victoria, la rivière s’est emplie de larmes.
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A propos
Lie tes ratures, littérature, ce blog se veut l'atelier de mon écriture. J'y déverse en vrac des notes prises au jour le jour, l'expansion de ces notes en des textes plus élaborés, des réflexions et des délires, des définitions et des dérives, bref tout ce qui fait le quotidien d'un homme qui écrit, ici, en Suisse, ailleurs, dans mes rêves et à travers le monde qui m'entoure.
Bref, ce blog suisse de littérature partira dans des directions variées qui, je l'espère, sauront vous parler.
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