Pierre Benoit, L’Atlantide
Pourtant, dans son regard, il semblait beaucoup plus jeune. On aurait dit un adolescent qui aurait subitement, à cause d’un grand malheur, vu sa blanchir sa crinière, ou un vieillard dont les yeux auraient, à cause d'un grand bonheur, retrouvé l'éclat du premier amour.
- Quel âge as-tu ? lui demandai-je.
- Devine, me dit-il avec un sourire malicieux.
Que lui répondre ? Soixante ? Trente ? Je me lançai :
- Cinquante ans ?
Il sourit :
- Si tu le dis.
Son regard de gamin pétillait. Peut-être avait-il quinze ans, peut-être cent, comme si l’extrême vieillesse rejoignait la petite enfance, comme si l’âge ne signifiait rien.
- Tu commences à comprendre, me dit-il.
- A comprendre quoi ?
- Que l’âge ne signifie rien. C’est ce que tu as pensé, non ?
Comment pouvait-il…
- Ils pensent tous comme ça. Ils voient les cheveux blancs. Ils se disent soixante, puis ils mentent, cinquante, puis quinze, puis cent. Puissant, n’est-ce pas ?
Il était sans âge.
- Personne n’est sans âge, voyons…
Comment pouvait-il… Je n’avais rien dit.
- Ils pensent tous comme ça. J’ai bel et bien cinquante ans. Ou pas. Qu’importe ? Et toi, quel âge as-tu ?
Je ne sus pas quoi lui répondre.
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A propos
Lie tes ratures, littérature, ce blog se veut l'atelier de mon écriture. J'y déverse en vrac des notes prises au jour le jour, l'expansion de ces notes en des textes plus élaborés, des réflexions et des délires, des définitions et des dérives, bref tout ce qui fait le quotidien d'un homme qui écrit, ici, en Suisse, ailleurs, dans mes rêves et à travers le monde qui m'entoure.
Bref, ce blog suisse de littérature partira dans des directions variées qui, je l'espère, sauront vous parler.
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