Pierre Benoit, Les Agriates
Puis plus rien.
Ils devaient déjà avoir atteint Santa-Fe. Nous étions donc seuls au milieu du désert. Nous allions mourir de soif assommés de soleil, comme Clint Eastwood dans Le bon, la brute et le truand. Jimmy, à coup sûr, c’était le bon, mais moi, qui étais-je ? La brute ? Déjà ma pensée s'embrouillait.
- Il faut trouver un point d’eau, dit Jimmy.
- Oui, lui répondis-je.
Nous marchâmes : des cailloux à perte de vue, de la terre sèche, désespérément sèche, parfois une touffe d’herbe cramée et pas le moindre point d’eau, bien sûr. Nous nous arrêtâmes.
- On n’aurait pas dû leur dire, dis-je.
- Tais-toi, dit Jimmy.
Ils avaient sans doute déjà dépensé le fric au saloon, comme dans tout western qui se respecte.
- Tu crois qu’ils reviendront ?
- Tais-toi.
Je m’accrochais à leur humanité.
- Ce sont des truands, dit Jimmy.
C’était bien moi la brute. J’assassinai Jimmy. Je le mangeai. Je survécus.
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A propos
Lie tes ratures, littérature, ce blog se veut l'atelier de mon écriture. J'y déverse en vrac des notes prises au jour le jour, l'expansion de ces notes en des textes plus élaborés, des réflexions et des délires, des définitions et des dérives, bref tout ce qui fait le quotidien d'un homme qui écrit, ici, en Suisse, ailleurs, dans mes rêves et à travers le monde qui m'entoure.
Bref, ce blog suisse de littérature partira dans des directions variées qui, je l'espère, sauront vous parler.
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