Blog suisse de littérature

Terrasse de la Cavatine, mardi 23 août 2016, 9h25

La ville est calme et la terrasse vide. Est-ce ouvert ?

Une dame.

Un express.

L’entrée-verrue d’un cinéma qui change de nom tous les six mois.

Sur la Placette (jamais ce magasin ne portera d’autre nom), il est écrit Qualité et fraîcheur, puis local. Mensonges, songe-t-il.

Des gens passent lentement, perdus dans leur appareils d’éloignement du monde ou collés les uns aux autres. Des touristes ? L’office est désert. Les vacances prennent fin. Cette place aurait pu en être vraiment une, mais le monde se fout des places publiques. Ce qui compte, ce sont les galeries commerçantes sous leurs pieds, ce gouffre dans lequel tout tombe.

Un technicien vient remettre le cendrier d’aplomb. Tour de main magistral, son seul boulot de la matinée. Un cycliste exhibe son slip trop blanc. Un chevelu ne sait plus le code de l’ascenseur où s’étaient coincées ces dames du temps de Stravinski.

Les bus passent, et les voitures, et les passants au loin. Les fumeurs fument. Le soleil aussi.

Sur les coussins, pour faire passer le prix du café, il est écrit Champagne Pommery Reims-France. Rince-cochon, oui ! Quelle est cette manie de boire des mousseux quand on va se pavaner au concert classique, à l’opéra de Fribourg où toutes les huiles, même les plus rances, viennent se faire mousser ? La réponse est dans la question.

Mais voilà le tchou-tchou. Où sont les touristes ? C’est l’heure. Avez-vous oublié que nous étions en Suisse ? Terminus. Personne ne descend. Un père à casquette avec son petit inspecte le train bleu. Monteront-ils ? Ils hésitent. Seront-ils seuls ? Dans ce cas, faut-il entrer dans le premier ou dans le second wagon ? Y a-t-il deux classes de prix ? La vie de touriste est bien compliquée. Quatre vieilles excitées et bientôt pliées en deux s’approchent aussi. Papa et fiston iront dans l’autre wagon, s’ils parlent français. Sinon aussi.

Enfin d’autres gens sur la terrasse ? Non. Il fait encore frais. D’ailleurs lui aussi, il va se mettre au chaud. Quelques pas plus loin le soleil fera briller son crâne presque glabre.

Des gamins veulent faire un tour en train parce que c’est trop bien. Il n’ira pas se coincer entre les morveux et les débris. 


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A propos

Lie tes ratures, littérature, ce blog se veut l'atelier de mon écriture. J'y déverse en vrac des notes prises au jour le jour, l'expansion de ces notes en des textes plus élaborés, des réflexions et des délires, des définitions et des dérives, bref tout ce qui fait le quotidien d'un homme qui écrit, ici, en Suisse, ailleurs, dans mes rêves et à travers le monde qui m'entoure.

Bref, ce blog suisse de littérature partira dans des directions variées qui, je l'espère, sauront vous parler.