Terrasse du Molino, dimanche 3 avril 2016, 13h30

• 30.05.2017

En ce début avril, toutes les filles n'étaient pas encore découvertes de leurs fils et le spectacle forcément le décevrait, mais sait-on jamais ? C’est dimanche, il fait presque beau, presque chaud même : quelques intrépides salopes se croiront en été.

C’est parti, mon kiki : voici l’évêque et son sous-fifre qui sourient bêtement, certains d’être d’ores et déjà sauvés des turpitudes de ceux qui perdent leur temps en ce bas monde à regarder passer les culs et à traiter des inconnues de salopes.

Mais voilà des petites filles qui se courent après, des porteurs de valises ânesques, des hommes en training, des enfants à lunettes, le vide qui se pavane, toute une humanité trop habillée. 

Sur les murs de l’évêché (se placer en face de l’évêché pour regarder passer les culs n’est pas une très bonne stratégie, pensa-t-il) pendait majestueusement une banderole qui nous rappelait, à nous autres pauvres pécheurs, que nous étions en plein Jubilé de la Miséricorde.

Passa un être vaguement féminin avec un nid d’abeilles sur la tête et des trous dans le pantalon. La miséricorde semblait en effet nécessaire.

Puis ce fut le défilé des poussettes. Le dimanche après-midi, on sort les bébés. Les autres jours, c’est le chien. On les roule devant l’évêché, des fois que traînent des restes de bénédiction. Il pensa : « Des restes de bénichon. »

Bon, si le seul cul potable s’assied juste à côté en face d’un connard à lunettes, on se prépare un beau torticolis, s'énerva-t-il. L'autre lui expliquait comment déguster le vin. Elle répondait chaque fois par le mot « trop ».

Justement, c’en était trop. Il se cassa pour aller voir ailleurs si d'autres culs ne l'attendaient pas.