Blog suisse de littérature

Phrase 2 page 78 : phrase déphasée

Dans les livres, les phrases dorment. Les textes ci-dessous tentent de réveiller ces phrases, arbitrairement toujours la deuxième de la page 78, soit en en faisant le début d'un nouveau texte, soit en grossissant la phrase de l'intérieur jusqu'à la rendre méconnaissable.

Vincent Francey

L’homme, dont nous ne saurions affirmer qu’il est un animal raisonnable ainsi que le prétendent certains observateurs mal informés quant à sa fragile condition de bipède sans aile qui ne pond pas d’œuf, l’homme, ce chef-d’œuvre en péril qui met à lui tout seul – disons plutôt à lui quelques milliards – en péril la planète entière, l’homme, c’est un fait dont ne sauraient douter même les plus sceptiques des philosophes, l’homme n’a qu’à bien se tenir s’il veut survivre aux catastrophes qui le…

Vincent Francey

Il n’attend pas que vous jugiez sa vie, son moi le plus intime. Il attend que vous lui disiez si son ragoût est bien cuit. Cela est certes crucial, car un ragoût pas assez cuit est une malédiction pour les papilles gustatives mais ce n’est pas non plus la fin du monde si son ragoût n’est pas assez cuit et si vous lui dites que sa viande est dure, il s’offusquera peut-être dix secondes ou dix ans mais il vous pardonnera bien que critiquer la cuisson du ragoût d’un tel chef soit un sacrilège…

Vincent Francey

Je ne savais si ce que je m’apprêtais à lui annoncer susciterait en elle les élans de tendresse et d’affection que j’entretenais la secrète mais tenace espérance qu’elle manifestât, je ne savais non plus dans quelle mesure un tel aveu me rendrait sinon indispensable du moins intéressant – ne demandons pas la lune – à ses yeux – de merveilleux yeux gris tirant sur le vert clair – et j’ignorais tout à fait si elle allait prêter ne serait-ce qu’une oreille discrète aux folles paroles que j’osais à…

Vincent Francey

Le mâle toujours s’approprie tout. Et il a bien raison. Parce qu’à la femelle, vous lui tendez la main, elle vous bouffe le bras. Alors, mieux vaut que ce soit l’homme qui décide et la femme qui obéisse. C’est dans la nature des choses. L’homme pense, la femme dépense, mais toujours avec les sous de l’homme. On a quand même fait une belle connerie en donnant le droit de vote aux femmes, parce qu’on leur a laissé croire que le mâle n’était plus tout à fait dominant et – horreur ! - que la femme…

Vincent Francey

Votre Honneur, je me dois en mon âme et conscience d’interrompre les propos superfétatoires et largement infondés, il faut bien l’admettre, de mon préopinent, dont bien évidemment je ne saurais remettre en cause ni la haute idée qu’il se fait de la justice, bien qui celle-ci s’avère bien inférieure à celle qu’il se fait de lui-même, ni l’indéniable humanisme dont mon honorable confrère sait saupoudrer les mielleuses paroles qu’il susurre à l’oreille des jurés afin de les induire en erreur, ni…

Vincent Francey

Tout fait croire cependant que c’était la Sémillante puisque une demi-heure après le berger des îles a entendu sur ses roches… Néanmoins, un quart d’heure plus tôt, le marin des montagnes a entendu sous les roches… Pourtant, on aurait pu croire que ce n’était pas la Sémillante puisque cinq minutes plus tard le gardien de phare a vu sur la terre… Toutefois, il était certain que c’était la Sémillante puisque dix ans plus tard le vacher de rivière a vu sous la terre… Tout porte à croire a contrario…

Vincent Francey

J’ai été et je demeure extrêmement heureux, voire follement enthousiaste, voire définitivement en extase parce que, alors que je m’attendais à retrouver les mièvreries dont tu es coutumier – je t’aime, je t’adore, je serai toujours là pour toi, rien jamais ne nous séparera, tu es mon âme sœur et autres balivernes insupportables à tout être rationnel qui tient à garder la tête sur les épaules –, j’ai donc été agréablement surpris, voire tout à fait ébaubi que dans la très excellente et lugubre…

Vincent Francey

Failloubaz se rendit alors à Paris chez le représentant de Santos-Dumont. L’envol d’Avenches ne se fit pas sans peine. La Demoiselle semblait réticente : qui était ce Santos-Dumont ? Grandjean qui la trifouillait afin qu’Ernest pût l’enfourcher sans anicroche fit semblant de n'avoir rien entendu. Est-ce que c’était un Argentin ou un Picard ? peut-être un Catalan ? un Savoyard ? Qu’importe, lui finit par lui répondre René, c’est à Paris qu’il vit et toi et Failloubaz, vous allez voler jusqu’à…

Vincent Francey

Les conditions atmosphériques étant au beau fixe selon les observations que nous effectuons en ce moment même en mettant le nez à la fenêtre et en découvrant à notre grande surprise un ciel d’un bleu merveilleusement laiteux, nous ne pouvons désormais plus douter du succès imminent de notre modeste entreprise, qui consiste, rappelons-le même si je pense que désormais tout le monde est au courant, à sortir enfin de notre terrier pour redécouvrir le vaste monde qui si longtemps nous a été interdit…

Vincent Francey

Le crépitage est un signe de bonheur. Le malheur en effet est décrépit, ce qui signifie à l’évidence que le crépit rend heureux. Crépitons donc en chœur ! Décrétons une journée mondiale du crépitage, barbouillons-nous de bulles de champagne et de peintures multicolores. Quoi ? Le mot crépitage n’existe pas ? Que me chantez-vous là ? Impossible. Me voilà précipité sur mon Petit Robert parallélépipédique – faute de roberts plus circulaires – et je n’y rencontre en effet que banale crépitation. Je…

Vincent Francey

On – qui était ce on puisque comme tout le monde je vivais confiné dans ma chambre avec interdiction de foutre un pied dehors sous peine de décapitation immédiate ? – m’arracha, avec une violence et une brusquerie si inouïes que je faillis succomber à l’instant même d’une crise cardiaque de mon cher, de mon merveilleux, de mon adorable, de mon fantastique, de mon douillet, de mon somptueux, de mon confortable, de mon nécessaire, de mon chaleureux, de mon adorable, de mon charmant, de mon…

Vincent Francey

J’avançais donc chemin, quand tout à coup je me sentis obligé de rebrousser arrière ; car mon vénérable geôlier, et quelques dizaines d’archers de sa connaissance, qui l’avaient tiré des mains de la racaille, s’étant ameutés, patrouillant toute la ville pour me trouver, se rencontrèrent malheureusement sur mes voies.

– Ô mon gracieux hôte, me harangua-t-il avec vigueur, n’ayez donc telle frayeur ; mes acolytes et moi-même ne souhaitons que bienfaits et magnanime consolation à votre auguste…

Vincent Francey

Je ne vois pas ni ne devine ni ne pressent ni n’imagine, je ne pense pas, je ne respire pas, je suis à peine vivant, je suis bâti de ce bois de canot à la dérive, bois pourrissant à la morte saison, je suis né de cette vase informe, je suis sous-têtard, larve, je suis crachat, je dégoûte les êtres qui me piétinent, mais moi-même suis-je un être moi-même suis-je quelque chose sinon une voix surgie de l’étang, une voix cognée contre un mur, l’écho de l’écho d’un écho qui se heurte à la coque…

Vincent Francey

Vous vous imaginez, Messieurs, avoir bien égalé les avantages des deux ennemis, quand vous les avez choisis tous deux raides, tous deux grands, tous deux adroits, tous deux pleins de courage ; mais ce n’est pas encore assez, puisqu’il faut enfin que le vainqueur surmonte par adresse, par force et par fortune. Pour que deux ennemis se neutralisent parfaitement, Messieurs, il faut en outre qu’ils ne forment qu’un seul et unique individu, deux individus ne pouvant en aucun cas posséder la même…

Vincent Francey

Le parlement, qui n’est élu que par ceux qui veulent bien se bouger le popotin pour aller voter, soit environ un tiers de la population, celui qui a encore l’illusion que les élections ne sont pas un piège à con, c’est-à-dire les naïfs et les corrompus que les lobbys manipulent, ne représente, si l’on peut parler ici de représentation, alors que de fait les élus ne représentent qu’eux-mêmes et leurs patrons, il faudrait plutôt écrire le parlement ne sert, face à la majesté royale qui se pavane…

Vincent Francey

Mais vous avez sans doute raison. Et moi tort. Mais votre raison se tord. Et moi, j’ai raison d’avoir tort. Sans doute suis-je tordu, pensez-vous. Mais vous avez tort. Et moi raison. Est-ce un tort ?

Vincent Francey

Cette secondarisation qui se tertiarisa, se quaternararisa, fut remise aux calendes grecques puis fut définitivement oubliée, cette mort – ce serait cela le terme précis – de la question qui n’en était pas une, puisqu’il s’agit d’un simple fait chiffrable et indubitable, la simple idée de le considérer comme une question prouvait par ailleurs sa secondarisation et tout ce qui s’ensuivit, la mort de la conscience des inégalités qui certes n’étaient pas elles-mêmes morte de leur belle mort, qui au…

Vincent Francey

Je ne serais pas entièrement de votre avis, Madame, répondis-je ; et je ne crois pas qu’il soit facile de dire qu’on aime. Vous pouvez constater d’ailleurs que ne vous ai, jusqu’à ce jour à tout le moins, jamais avoué mon amour. Cela signifie-t-il pour autant que je ne vous aime pas ? Je ne dis pas que cette absence de déclaration signifie a priori l’existence de mon inclination pour vous ni a fortiori son inexistence, je dis simplement qu’en l’état actuel de la situation, il vous est…

Vincent Francey

Inventée non pas créée ni même découverte puisque le génie de l’homme (selon tout probabilité) n’est en rien comparable à celui de Dieu même en Allemagne où l’homme pourtant a fait preuve de tout temps d’une capacité hors du commun à bousculer pour le meilleur et pour le pire le reste du monde à l’instar des peuples barbares qui jadis ridiculisèrent la puissante Rome et moins jadis mirent à feu et à sang de nombreux territoires qu’il serait fastidieux ici de citer exhaustivement, le génie de…

Vincent Francey

Plus d’une fois elle forma le projet de briser un lien qui ne répandait sur sa vie que de l’inquiétude et du trouble ; plus d’une fois je l’apaisai par mes supplications, mes désaveux et mes pleurs. Une seule fois elle mit son projet à exécution. Pas une seule fois depuis mes pleurs ne furent apaisés.

Vincent Francey

Comme si ça ne suffisait pas, comme si on avait en plus besoin de ça, voilà-t-il pas que maman Nature – des mères comme ça je vous jure – voilà qu’elle – c’est pas une mère, c’est une belle-mère – voilà qu’elle a décidé, comme ça, pour le plaisir d’emmerder le monde, parce qu’elle n’a de plaisir qu’à ça, la Nature avec une grande haine, faire sa maligne pour montrer qu’elle bouge encore malgré tout, les usines, les voitures, les égouts, les continents de plastique, le kérosène, les déchets…

Vincent Francey

D’abord nous sommes allés devant le Northemberland Hotel, et nous avons attendu la sortie de deux messieurs qui ont pris un fiacre à la station. Nous avons fait de même et les avons suivis. Le fiacre s’est engouffré dans des rues tortueuses. Il a cahoté à l’aventure, nous a-t-il semblé, pendant une grosse demi-heure, puis a repris le chemin du Northemberland Hotel. Les deux messieurs sont sortis du fiacre et sont remontés dans leur chambre. Pourquoi cette balade inconfortable et sans destination…

Vincent Francey

Il ne renvoie pas seulement, ce mot que je vous adresse, ce vœu d’heureuse année et de bonne santé – surtout la santé, comme on dit sur les parvis d’église –, ce clin d’œil complice, cette carte postale gribouillée, ce petit coucou de rien du tout, à un groupe constitué genre une famille une école professionnelle un chœur de chambre une harmonie une société d’étudiants un quatuor un atelier d’écriture, elle renvoie, cette phrase banale mais sincère, à tous ceux qui feront de 2020 à coup sûr une…

Vincent Francey

Trois hommes auraient suffi pour apporter tout ce qu’il fallait pour remettre ce vapeur à flot. Or nous n’étions que deux et nous ignorions tout à fait ce qu’il fallait pour remettre ce vapeur à flot. Nous attendîmes donc patiemment un troisième luron un peu plus fûté que nous, qui bien évidemment ne vint jamais. En désespoir de cause, nous tentâmes quelques bidouillages malheureux qui ne firent qu’empirer l’état du vapeur. Quelle drôle d’idée, nous dîmes-nous, que d’embarquer de nos jours sur…

Vincent Francey

Si vous préférez l’amour à la charité, si vous souhaitez que votre vie devienne pure féerie, si vous n’avez pas peur du grand saut et de la grande aventure, si vous brûlez de rencontrer celui avec qui construire un avenir solide, ce que vous ferez, le premier pas vers le bonheur à deux et vers l’harmonie d’un nouveau cocon qui vous enveloppera tout entière, la décision inéluctable que déjà vous prenez sans la moindre hésitation, le choix libre qui vous transformera enfin en la femme que vous…

Vincent Francey

Marco avait un amant, Marco n’eut plus d’amant. Marco avait un ami, Marco n’eut plus d’ami. Marco avait une âme, Marco n’eut plus d’âme. Marco fut damnée pour avoir eu un amant. Elle souffrit de n’en avoir plus. Marco fut donnée par son ami. Elle souffrit qu’il ne le fût plus. L’âme de Marco s’envola avec son ami, avec son amant, avec son amour.

Vincent Francey

On peut mais on ferait mieux si on veut continuer à vivre en toute quiétude sous le soleil que je fais briller plus vif de jour en jour pour faire fructifier la bonne vieille terre fertile que nos valeureux kolkhoziens labourent avec un enthousiasme et une fidélité sans faille aux valeurs universelles de notre Glorieuse Révolution prolétaire et mondiale nous demander poliment et sans agressivité en remplissant le formulaire BKY3863710606 puis en acceptant de se soumettre à un test de santé…

Vincent Francey

Solal ferma violemment la porte de sa chambre. Il ne voulait pas qu’on le dérange. Il avait été clair, non ? Do not disturb, elle sait pas lire la bonniche ou quoi ? Il lui fallait le calme absolu, à Solal, pas d’emmerdeuses qui viennent passer l’aspirateur et récurer les chiottes parce que ce qu’il avait à faire, Solal, était bien au-dessus des tâches vulgaires et subalternes dévolues à ces femmes de second rang qui pullulent dans les hôtels afin de souiller le beau linge des gens respectables…

Vincent Francey

Or il faut bien admettre à propos de ce or qu’il n’est pas des plus adéquat en début de démonstration, et que celle-ci est donc fort peu convaincante mais nous n’avons aucunement l’objectif de convaincre qui que ce soit, ce que nous voulons, c’est écrire une phrase plus longue que la phrase qui y est incluse, ceci pour le simple plaisir de la syntaxe, étant donné que celle-ci est (nous allons ouvrir des guillemets que nous ne refermerons jamais parce que c’est notre projet, comme disait l’autre)…

Vincent Francey

Elle vivait alors extrêmement, était réhabilitée. C’était comme si auparavant, elle n’avait été qu’un caillou honteux d’exister, qu’une chose dont on ne sait que faire. Elle était là, certes, on pouvait la voir, on pouvait la sentir, mais elle ne vivait pas vraiment, elle survivait ou plutôt elle sous-vivait, comme si un juge l’avait condamnée à mort sans trouver de bourreau. Mais soudain, elle avait senti en elle que la vie devait l’emporter, qu’elle avait le droit de vivre, qu’elle ne pouvait…

Vincent Francey

Un Italien blond, ce qui apparaît comme un paradoxe, étant donné que l’Italien par principe doit être brun, un Italien qui plus est calme et serein, un Italien flegmatique comme un Anglais et erratique comme un Allemand, un Italien que personne n’aurait imaginé Italien, un Italien aux yeux bleus, écrivit, d’une écriture élégante, à l’encre de Chine, sur un papier filigrané de haute qualité, cette note que nous avons retrouvée à l’occasion de fouilles archéologiques – la lettre était accompagnée…

Vincent Francey

- Le sous-secrétaire général, articula-t-il avec lenteur, un peu froissé.

L’affaire méritait le déplacement du secrétaire général en personne, non ? Pourquoi m'envoyait-on un sous-fifre ?

- Me voici, répondit l’autre, tout ouï.

- C’est que j’aurais apprécié que le secrétaire général…

- Je lui transmettrai vos doléances, monsieur, soyez-en assuré.

- Certes, mais l’affaire est fort délicate et…

- Vous allez m’en décrire les tenants et les aboutissants.

- Certes, mais j’aurais préféré…

Vincent Francey

Pour ou contre ce n’est pas la question parce que les faits sont têtus et qu’on ne peut pas faire comme si les faits n’étaient pas les faits or les faits, il faut l’admettre, ne sont pas l’idéologie, ils sont les faits, les faits bruts, les faits qui font que de fait les faits sont les faits, alors ne faisons pas semblant de ne pas voir qu’un chat est un chat et qu’un fait est un fait, n’en déplaise aux doux rêveurs écolo-tunbergo-neuneu qui rêvent du haut de leur inconscience des réalités…

Vincent Francey

La maison, qui est vaste, sombre et, même à midi, froide, remonte au temps des familles nombreuses, au temps où les invités arrivaient par charriots entiers. Paul y vit seul. Il parcourt sans fin de son pas lent les grandes pièces vides qui prennent la poussière, il monte et il descend des escaliers dont le bois craque chaque jour un peu plus, il s’assied sur tous les fauteuils défoncés et sur tous les tabourets de la maison, il met une bûche dans le feu les soirs d’hiver et les matins d’été…

Vincent Francey

Spoutnik dans la lune, maman disait Spoutnik dans la lune et nous on savait ce que ça voulait dire Spoutnik dans la lune, ça voulait dire à califourchon sur les catelles, Spoutnik dans la lune, ça voulait dire cul par-dessus tête, Spoutnik dans la lune, ça voulait dire parle à mon cul ma tête est malade, Spoutnik dans la lune, parce que Spoutnik dans la lune, c’est pour quand on est malade, Spoutnik dans la lune ça a été créé pour soulager les enfants quand ça vomit, Spoutnik dans la lune, c’est…

Vincent Francey

Monsieur Bark l’écoute. Madame Bark, puisqu’il l’écoute, parle. Elle lui raconte sa soirée. D’habitude, il dort déjà quand elle rentre, mais là, monsieur Bark l’écoute. Elle lui dit pour les copines, la rencontre impromptue, le souper au Café de la Gare, l’histoire de madame Burk qui n’est plus avec son mari et monsieur Bark l’écoute. Elle raconte comment il a fallu consoler madame Burk parce que son mari est parti avec une plus jeune, tu comprends, ça doit être dur pour elle, et monsieur Bark…

Vincent Francey

Alerté par un plaisantin fort douteux qui cherchait à se faire mousser afin d’épater la galerie féminine qu’ils se proposait de séduire de façon tout aussi douteuse que ne l’était sa plaisanterie, alerté, affirmions-nous non sans effroi et avec quelque malice certes déplacée mais néanmoins narquoise, alerté, disais-je tout en retardant l’annonce fatale indéfiniment afin de ménager un effet de surprise qui ne manquera pas de vous épater, alerté à un niveau d’alerte jusqu’à ce jour inégalé et…

Vincent Francey

L’eau de Orgeole étincela entre les buissons et soudain le regard de Robert s’arrêta. Qu’est-ce que c’était que cette bestiole qui l’observait à travers les branches ? C’était sale et peureux, recroquevillé, rachitique. C'était pas une bestiole. Ça avait les pieds dans l’eau mais les cheveux secs. C’était un enfant. Garçon ? Fille ? Impossible de savoir dans un état pareil. Robert l’appela : Hé, toi ! L’enfant chercha à fuir mais n’en eut pas la force. Robert sauta dans les buissons, s’y écorcha…

Vincent Francey

Et propter le coléoptère non ce n’est pas cela bien évidemment propter pourtant cependant il faut ressortir le vieux Gaffiot propter à côté auprès à proximité mais aussi – madame Braillard opine du chef, est-ce qu’elle est toujours en vie ? – à cause de par crainte, propterea, propterea, propterea, Carmina Burana, bibit ille bibi tilla bibit servus cum ancilla – la servante, d’où l’adjectif ancillaire fort délaissé en notre époque barbare o tempora o mores, dixit Marcus Tullius Cicero, l’homme à…

Vincent Francey

Van-Tu, petite fille de sept ans, deux jambes brûlées. Aylan, petit garçon de trois ans, noyé en Méditerranée. D’autres prénoms, par milliers – la longue litanie des enfants de la guerre – crient du haut de leur souffrance, couchés sur des photos que l’on regarde horrifié puis qu’on oublie, la folie de ceux qui ont décidé, du bas de leur inhumanité, qu’il fallait fusiller, bombarder, gazer, tuer de mille façons différentes – ils ne manquent jamais d’imagination quand il s’agit de tuer – des gens…

Phrases continuées

Phrases amplifiées

A propos

Lie tes ratures, littérature, ce blog se veut l'atelier de mon écriture. J'y déverse en vrac des notes prises au jour le jour, l'expansion de ces notes en des textes plus élaborés, des réflexions et des délires, des définitions et des dérives, bref tout ce qui fait le quotidien d'un homme qui écrit, ici, en Suisse, ailleurs, dans mes rêves et à travers le monde qui m'entoure.

Bref, ce blog suisse de littérature partira dans des directions variées qui, je l'espère, sauront vous parler.