Vivons enfin dans le monde des bisounours ! Experts et cyniques de tout poil, gris ou noirs, sinistres, assènent qu'être gentil, c’est être faible et qu'on ne vit pas dans le monde des bisounours. Quand j'entend cela, j'ai soudain une folle envie de frapper, mais comme je suis gentil, donc faible, je ne le fais pas, mais je me demande quand même quel crime épouvantable les bisounours ont bien pu perpétrer pour qu’on s’acharne à ce point sur eux. Ils se sont fait des bisous, des papouilles même pas osées, ils ont rêvé une utopie où la solidarité existe. Bien sûr qu'on ne vit pas dans ce monde-là : on se contrefout des pauvres, des migrants, des Grecs, des faibles, même quand ils sont gentils. Alors, les bisounours, avec leurs couleurs et leurs bons sentiments (là aussi, l’expression est devenue péjorative, comme s’il allait de soi qu’un sentiment, quand il est bon, est forcément faux) nous renvoient à un monde que nous n’osons pas construire, à une société idéale qui nous crache à la gueule les immondices de notre société barricadée. Si l’on rabaisse à ce point les bisounours, c’est parce qu’ils nous font honte. Vive les bisounours et, comme dirait papa, merde pour la République !
Soyez le premier à commenter