Saison mentale, Guillaume nous a déjà fait signe, son automne éternel, sa saison mentale, les saisons du dedans, les saisons du dehors, ne sont pas toujours les mêmes. Dehors tous les signes sont printemps. Mais dedans, c’est l’automne. Automne malade. Quel virus ? Quelle pandémie intime ? L’automne déjà là dans le printemps, très loin, très près, au fond du ciel, au fond de soi, l’automne mélancolique où l’on aime – on, ce serait Guillaume et ce serait moi – se vautrer, l’automne mélancolique attendant la douce mort d’hiver – et pourtant aimer le printemps, en être fatigué quand vient l’été, respirer à nouveau avec l’automne, ne penser en hiver qu’au printemps – il est des jours où les saisons du dedans sont en porte-à-faux avec les saisons du dehors, des jours où la forêt nous sauve – et Guillaume et moi-même et celle qui me lit – des jours de nixes nicettes et de grenouilles charmantes, des jours d’automne mental que l’appel de la forêt glisse vers le printemps, des jours où des trains volent au-dessus des forêts – c’était mercredi passé, nous avions ce sentiment de nous enfouir dans une jungle lointaine, les enfants rêvaient d’aventure, ils inventaient des fumigènes dans des grottes, ils s’enfonçaient dans des sables mouvants – quand nos automnes du dedans seraient, dans l’éternelle magie des jeux de mots, dans le petit reste d’enfance, des sables émouvants – ils escaladaient des troncs d’arbres comme des Himalaya. Ma saison mentale pour un peu se serait évanouie. Mais il y avait cette petite fille qui hurlait à la vue des limaces. Elle avait tant peur de les écraser.
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