Photogriffouille 60
Où vogue aujourd’hui le bateau bleu de notre enfance ? Ce n’était, me direz-vous, qu’un demi-tonneau lesté de jerricans vides dans lequel nous cabotions dans une vague gouille qu’un semblant de barrage avait posée là. Nous avancions de deux mètres, heurtions un rocher – un caillou, si vous voulez –, reculions de trente centimètres et échouions sur la plage vierge d’une île déserte où la tante Christiane nous gavait de limonades et de gâteau au vin cuit.
Nous jouions à la grande aventure, marchions jusqu’à la cascade aujourd’hui écroulée, les pieds nus caressés par la vase et par la mousse, et nos corps maigrichons grelotaient en sortant de l’eau glacée ; nous nous asseyions auprès du feu pour nous réchauffer et nous avions notre maison – une cabane ? et alors ? construite par l'oncle Hubert, une cabane, c'est plus qu'une cabane – dans laquelle nous rêvions à la lumière des lampes à huile sous une gigantesque carte de la Suisse. Puis, c’était la balançoire géante qui nous poussait vers le ciel quand nous ne nous cognions pas aux faîtes – en effet, c’était la fête – des fouaillards.
Il ne reste aujourd’hui de tout cela qu’une tache infime de ciel sous laquelle Florian prolonge à l’infini notre enfance.
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A propos
Lie tes ratures, littérature, ce blog se veut l'atelier de mon écriture. J'y déverse en vrac des notes prises au jour le jour, l'expansion de ces notes en des textes plus élaborés, des réflexions et des délires, des définitions et des dérives, bref tout ce qui fait le quotidien d'un homme qui écrit, ici, en Suisse, ailleurs, dans mes rêves et à travers le monde qui m'entoure.
Bref, ce blog suisse de littérature partira dans des directions variées qui, je l'espère, sauront vous parler.
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