Blog suisse de littérature

Photogriffouille 63

Oscar n’aime pas les fleurs : elle sont venues gâcher jusqu'à sa mort.

Tous les dimanches, elle prend le petit arrosoir rouillé et elle verse de l’eau sur les tagettes. « Même maintenant, c’est toujours toi le plus beau » lui dit-elle, la larme à l’œil. Puis elle passe la patte à vaisselle sur la pierre. Elle aime quand ça brille, quand c’est tip top, parce que sinon ça fait vergogne et que vont penser les voisins, hein, je te demande. Tu dis rien, Oscar ?

Déjà de son vivant, il ne disait rien, Oscar. A quoi bon ? Ici, les voisins se laissent chier dessus par les oiseaux et ils savent se taire (on devrait écrire se terre).

Plus personne ne vient, sauf elle le dimanche et sauf à la Toussaint, deux ou trois copains. On a enfin la paix, on est loin de tout, on est perché sur une colline, vaguement surveillé de loin par les grandes sœurs, Branleyre et Foliéran, sur qui personne, pas même elle, n’a l’idée de planter des tagettes. Y'a pas à dire, la mort, ça repose. 


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A propos

Lie tes ratures, littérature, ce blog se veut l'atelier de mon écriture. J'y déverse en vrac des notes prises au jour le jour, l'expansion de ces notes en des textes plus élaborés, des réflexions et des délires, des définitions et des dérives, bref tout ce qui fait le quotidien d'un homme qui écrit, ici, en Suisse, ailleurs, dans mes rêves et à travers le monde qui m'entoure.

Bref, ce blog suisse de littérature partira dans des directions variées qui, je l'espère, sauront vous parler.