Blog suisse de littérature

1er octobre 2014

Reprendre, entre cloches et motos, l’écriture de ma vie, les yeux éblouis par l’ombre d’une cathédrale et la laideur d’un hôtel-verrue, à quoi bon ?

Pour le simple plaisir d’écrire, de divaguer librement, de me dire et de médire, de creuser mes idées plates ou de les élever vers ce ciel vaguement parsemé de nuages.

Dans ce nouveau journal intime, il ne sera plus question de raconter tout, de noter tous les soubresauts de mon âme éclopée ou triomphante, de m’attarder sur les secondes les plus insignifiantes de ma vie. L’écriture sera sporadique, fragmentaire, inachevée. Elle esquissera des théories qui s’achèveront la nuit au fond des bars. Elle reniflera des pistes qu’elle laissera tomber. Elle tournera autour du pot de moutarde de bénichon.

Que dire pour commencer ? Faire le bilan de quoi ? Me plaindre de mes amours vides, comme jadis ? Lancer des pierres au ciel, comme Brel ? M’indigner des barbaries qui surgissent, comme tout le monde ?

Peut-être évoquer la lumière qui se faufile entre les feuilles multicolores des arbres d'été indien, zieuter les maisons de la rue des Chanoines en quinconce, atchoumer devant le soleil qui se cache derrière la toile Ikéa, bref dire le plaisir simple d’un après-midi sur ma terrasse, la chance d’y avoir de la vue et de pouvoir y saluer Laurette (quel belle idée que de nommer une chapelle ainsi, comme si c'était une fille de café un peu moins bourrue que Bernadette au Marcello mais tout aussi pittoresque !).

Ce qui fait le bonheur de ma vie (venons-en aux grands mots, prenons de l’envergure, jouons au philosophe et au poète !) se trouve dans la joie la plus banale, dans le temps qui s’arrête pour le regard, dans le rien d’une pause après la course.

Je pourrais maintenant dénoncer cette course permanente, ce temps perdu à gagner du temps, cette agitation absurde des bêtes humain(e)s qui courent, courent, courent, comme le furet, sans savoir après quoi ; mais je préfère rester un instant assis à me rassasier les yeux d’arbres, de pierres et des nuages.

Et voilà que sous le va-et-viens bientôt atténué des voitures, je perçois enfin le chant des oiseaux. 


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A propos

Lie tes ratures, littérature, ce blog se veut l'atelier de mon écriture. J'y déverse en vrac des notes prises au jour le jour, l'expansion de ces notes en des textes plus élaborés, des réflexions et des délires, des définitions et des dérives, bref tout ce qui fait le quotidien d'un homme qui écrit, ici, en Suisse, ailleurs, dans mes rêves et à travers le monde qui m'entoure.

Bref, ce blog suisse de littérature partira dans des directions variées qui, je l'espère, sauront vous parler.