Broye (dérives et interstices)
- Vincent Francey
Chemin des Condémines, Yvonnand
Bus à l’abandon, ronces, bois de feu, hangars, caravanes, bennes, un dimanche si froid que nulle vie n’y travaille.
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Pont d’autoroute, neige perdue dans le ciel, champs labourés, un lac qu’on ne peut qu’imaginer.
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C’était un bus plus moderne. C’était l’été. Nous avions marché. Jolie vue (tu ne te souviens que du petit cul de celle devant toi, tu devrais en avoir honte, c’est aujourd’hui la Saint-Valentin et tu erres tout seul entre des fers rouillés et de la peinture salie).
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Deux vélos, un marcheur, les phares d’une voiture. Trop de vie.
J’arrive, la voix de Brel à nouveau, celle au petit cul maintenant dans ta tête, ni Marie ni Françoise, tu ne penseras pas même à son nom, remplir d’étoiles un corps qui tremble, Brel dit comme toi mais il y met les formes, les formes de celle, tu te dis que jamais, déjà cet été-là tu te disais que jamais mais elle portait un mini-short et il faisait vraiment chaud alors voilà qu’est-ce que t’y peux si ça te retourne, les petits culs, et tu te souviens qu’elle avait aussi une paire de mais Brel te balance des chrysanthèmes, tu a repris la route, te voilà à Cheyres, et revoilà Brassens, les copains d’abord, il a raison, les copains ça te retourne moins le ventre, coquin de sort, et ton deuxième arrêt, ce sera pour prendre en photo la grand mare des canards.
Route de Béthanie, Châbles
Tout ce gui et personne à embrasser.
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Le lac : un trait de peinture bleue, délavée, au rouleau.
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Les sœurs de Béthanie cousaient des drapeaux pour les fanfares et les chœurs mixtes. Ghetto de riches désormais. Nouvelle religion.
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Du lierre pour étrangler les arbres de février.
Ma préférence, Julien Clerc, Châbles puis Montet, Cugy – le panneau Suze disparu – et penser à celle-ci, pas à comme celles d’été, celle-là qui enfin voilà elle n’est pas là est-ce que j’en suis amoureux, Nougaro, Cécile ma fille – il n’y a pas eu de Cécile non plus, et tu te dis que Cécile, c’est un nom de princesse qui joue de la flûte au pied de la tour de la Molière et que ce sont des angelots joufflus, des poupées de crèches entre le bœuf et l’âne gris, des bergères d’idylles ludiques – et c'est déjà la litanie des ronds-points, Payerne à nouveau, il serait temps de rentrer, tu es invité à dîner – ton frère – mais les passantes, la guitare, toutes les femmes qu’on aime pendant quelques instants secrets, il était dit que tu t’arrêterais encore une fois.
Bords de Broye, Payerne
L’école du chien, sous la route. Apprendre à l’écraser.
Bucolique promenade au bord de l’eau ? Sombre appel des coins noirs et des tags puis prendre en photo une boîte de conserve rouillée.
Sur un pilier, police partout. Tu te retournes brusquement : une coureuse en rose et noir. Moucharde, as-tu envie de lui crier.
Gel : chercher la vie l’artifice.
Agridubey, machines de chantier, tracteurs, pelleteuses et cette pompe, pompe à quoi ? Soudain souvenir d’Ubu.
Serge Reggiani, si tu me payes un verre, ta voiture te rentre chez toi rétamé et tu traines tout seul avec ton cœur en panne la mélancolie des célibataires sans bistrot.
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A propos
Lie tes ratures, littérature, ce blog se veut l'atelier de mon écriture. J'y déverse en vrac des notes prises au jour le jour, l'expansion de ces notes en des textes plus élaborés, des réflexions et des délires, des définitions et des dérives, bref tout ce qui fait le quotidien d'un homme qui écrit, ici, en Suisse, ailleurs, dans mes rêves et à travers le monde qui m'entoure.
Bref, ce blog suisse de littérature partira dans des directions variées qui, je l'espère, sauront vous parler.
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