Honoré Beaugrand, La chasse-galerie
Ce poisson était décidément volage. Il avait fallu s’y prendre à trois reprises pour le sortir de l’eau. Il s’agitait, se débattait, replongeait ; il avait fallu lui courir après, le reprendre et l’endormir à grands coups de canne à pêche pour qu’enfin il daigne devenir le futur souper du père Louison.
Mais maintenant, c’était terminé : il gisait sur la berge, sans vie, triste dépouille encore ruisselante. Son assassin s’approcha : le poisson le regardait avec la fixité froide de l'innocence. Le père Louison soudain comprit l’énormité de son crime : que lui avait fait cette créature du bon Dieu pour qu’il la martyrise ainsi ? Pour quelle sordide raison s’était-il acharné sur ce pauvre être sans défense ? Pourquoi tant de cruauté ?
Son ventre gargouilla. Avec une petite sauce à la crème et un petit verre de blanc, vous m’en direz des nouvelles, pensa le père Louison, tout ragaillardi.
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A propos
Lie tes ratures, littérature, ce blog se veut l'atelier de mon écriture. J'y déverse en vrac des notes prises au jour le jour, l'expansion de ces notes en des textes plus élaborés, des réflexions et des délires, des définitions et des dérives, bref tout ce qui fait le quotidien d'un homme qui écrit, ici, en Suisse, ailleurs, dans mes rêves et à travers le monde qui m'entoure.
Bref, ce blog suisse de littérature partira dans des directions variées qui, je l'espère, sauront vous parler.
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